
DYSLEXIE
DÉFINITION
LA DYSLEXIE est un trouble spécifique de la lecture. Il s’agit également d’un trouble persistant de l’acquisition du langage écrit caractérisé par de grandes difficultés dans l’acquisition et dans l’automatisation des mécanismes nécessaires à la maîtrise de l’écrit (lecture, écriture, orthographe…).
Ce trouble affecte la vitesse et la précision en lecture. Il engendre donc souvent une lecture imprécise qui nuit grandement à la compréhension. Cette affection s’accompagne toujours de difficultés en écriture, correspondant souvent à un trouble de l’écriture (dysorthographie) qui peuvent rendre très ardu le cheminement scolaire de ces jeunes partout où la lecture et l’écriture sont sollicitées (français, mais aussi mathématiques, sciences, histoire, etc.).
Sur le plan étymologique, la dyslexie est un terme très général qui signale simplement l’existence de difficultés dans l’acquisition du langage écrit, mais un enfant n’a appris à lire que s’il est à la fois capable de décoder et de comprendre ce qu’il lit.
Ces troubles se distinguent d’un simple retard d’acquisition, d’un retard mental, d’un problème auditif, d’un problème visuel, d’un problème affectif, d’un problème d’élocution, du bilinguisme.
Les troubles persistent dans le temps, c’est pour cela que l’on parle de trouble durable. C’est un trouble neurologique.
Attention : On ne parle de dyslexie qu’après deux années de retard d’apprentissage de la lecture, soit en début de CE2. Avant on parle de troubles du langage écrit, on peut soupçonner une dyslexie (prédisposition) mais avant la fin du CE1/début du CE2, elle ne sera pas notée comme telle dans un bilan.
On sait que la dyslexie est un problème plus global que le simple apprentissage de la lecture mais plutôt un déficit du traitement phonologique.
Il convient alors de faire passer un bilan orthophonique qui laissera sûrement apparaître un déficit dans le traitement phonologique ou métaphonologique laissant supposer un risque important de dyslexie.
Il est alors irréaliste que les choses passeront d’elles mêmes ou d’attendre le « déclic » comme on l’entend encore souvent dire.
Habilités phonologiques : ce sont les habilités du traitement des sons de notre langue. Les mots sont faits de sons et l’on peut manipuler ces sons. On parle de discernement des sons.
Habilités métaphonologiques : c’est en quelque sorte arriver à jouer avec les mots, une habilité à manipuler mentalement les sons de la parole. Cette habilité relève de la conscience phonologique. Elles se distinguent en plusieurs tâches : jugement, inversion, segmentation, fusion, manipulation.
En général, les tâches de fusion (impliquées dans la lecture) sont plus faciles que les tâches de segmentation (impliquées dans l’écriture sous dictée), de substitutions et d’inversion.
Exemple de tâche de fusion : assembler des unités syllabiques ou phonémiques. Le résultat de la fusion de ca-na-pé est canapé. La fusion des phonèmes t-o-m-a-t-e est tomate. On peut aussi travailler avec des non-mots (des mots qui n’ont pas de sens). Cette tâche est généralement plus facile avec des syllabes qu’avec des phonèmes sauf quand la structure syllabique est complexe.
Exemple de tâche de segmentation : séparer les syllabes ou les phonèmes en unités isolées. La segmentation syllabique de canapé est ca-na-pé. La segmentation phonémique de tomate est t-o-m-a-t-e. On peut aussi travailler avec des non-mots. Cette tâche est généralement plus facile avec des syllabes qu’avec des phonèmes sauf quand la structure syllabique est complexe.
Les problèmes les plus fréquents rencontrés chez les dyslexiques sur le plan du DÉCODAGE (décodage : je lis p, puis je lis a pour lire pa) sont :
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Les confusions auditives ou phonétiques
– m et n,
– u, p, b, d, q
– g, s et ch,
– f et v,
– a et an,
– a et o,
– u et ou,
– on et o,
– un et u,
– in et i) ;
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Les consonnes constrictives (s, ch, j, z, f, v) sont remplacées par les consonnes occlusives (t, k, p, d,g).
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Les consonnes sonores (b, d, g, v, j, s) sont remplacées par les consonnes sourdes (p, t, k, f, ch, s).
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des inversions de lettres, inversion de syllabe, de certains mots (or/ro, cri/cir, on/no, bras/bar);
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des omissions (bar/ba, arbre/arbe);
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des adjonctions (paquet/parquet, odeur/ordeur, poltron/polteron”, escapade/cascapade”);
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des substitutions (chauffeur/faucheur);
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de la contamination (dorure/rorure, palier/papier);
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une lecture du texte lente, hésitante, saccadée, avec un débit syllabique;
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une difficulté à saisir le découpage des mots en syllabes, une ignorance de la ponctuation.
Au total, sur le plan de la compréhension, le dyslexique ne saisit qu’un sens partiel, ou pas de sens du tout, de ce qu’il a déchiffré; le message du texte lui échappe totalement ou partiellement.
Généralement, il n’aime pas lire et a des difficultés dans les autres matières qui font appel à la lecture ou à l’écrit comme par exemple en mathématiques lors de la lecture d’énoncés ou de problèmes dont il ne comprendra pas le sens tout en ayant parfaitement acquis la notion demandée.
En découle généralement une dysorthographie (trouble de l’orthographe).
Si on veut brosser un tableau du profil type, on peut dire que le dyslexique :
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Est un enfant apparemment brillant, d’une intelligence supérieure à la moyenne, s'exprimant bien à l'oral, mais incapable de lire, d'écrire ou d'orthographier au niveau de sa classe.
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Souvent étiqueté paresseux, sot, peu soigneux, immature, « manque de travail » ou « problème de comportement ».
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n'est pas suffisamment en difficulté pour justifier d'une prise en charge.
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A un bon QI mais échoue aux évaluations en classe. Il réussit mieux à l'oral qu'à l'écrit.
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se croit bête et a peu d'estime de soi.
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Dissimule ses faiblesses grâce à des stratégies de compensation ingénieuses.
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Son niveau de frustration et de stress est élevé face à la lecture et aux contrôles.
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Est doué pour les arts, le théâtre, la musique, les sports, la mécanique, l'art du conte, le business, les affaires, le design, la construction ou les métiers d'ingénieur.
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Se disperse et rêve souvent. Se perd facilement et n'a pas la notion du temps qui passe.
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A du mal à soutenir son attention. Il peut paraître hyperactif ou absent.
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Apprend plus facilement à travers la manipulation, les démonstrations, l'expérimentation, l'observation et les supports visuels.
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Présente une hypersensibilité auditive. Entend des choses qui n'ont pas été dites ou non perçues par les autres. Facilement distrait par les bruits.
Et la liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut … !
DIAGNOSTIC
Le diagnostic est possible lors de l'apprentissage de la lecture. L'entourage, les enseignants ainsi que certains spécialistes ont un rôle très important dans le dépistage :
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L’enseignant repère les enfants en difficultés ou à risque et informe la famille.
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La famille prend en compte les remarques de l'enseignant, demande son avis au pédiatre ou au médecin scolaire, et fait pratiquer le plus rapidement possible les examens nécessaires.
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Le médecin scolaire et/ou médecin traitant réalise le bilan à l'âge de 5-6 ans à l'école, dépiste les troubles empêchant l'apprentissage du langage écrit, prescrit les examens nécessaires au diagnostic.
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Le psychologue calcule le quotient intellectuel, et peut établit le diagnostic d'éventuels troubles psychologiques, qui orientera vers un pédopsychiatre s'il soupçonne des troubles de la personnalité. Cela n’est pas remboursé en cabinet libéral, mais peut être pris en charge sur prescription médicale dans le cadre d’une structure publique de soins : centre médico-psychologique (CMP) ; centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) ; centre d'action médico-sociale précoce (CAMSP).
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L’Orthoptiste fait le bilan des capacités de mouvements du regard et de l'efficacité de la vision avec les deux yeux, et détermine si l'enfant a besoin d'une rééducation ou non. L’examen est pris en charge s’il est réalisé en centre hospitalier, CMP ou CMPP, et une prise en charge partielle est possible en Cabinet libéral, sur prescription médicale préconisée par l'ophtalmologiste.
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Le Psychomotricien réalise un bilan des capacités motrices de l'enfant (graphisme, dessin, attitudes corporelles). Pas systématiquement remboursé en Cabinet libéral, sur prescription médicale et directement pris en charge Au CMP, CMPP ou CAMSP, sur prescription médicale.
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L'orthophoniste est, enfin, le thérapeute majeur qui réalise un bilan des aptitudes et/ou de la pathologie du langage écrit sur prescription médicale, et envoie un compte-rendu de bilan au médecin prescripteur en mentionnant la nécessité ou non d'une rééducation orthophonique ou d'une rééducation spéciale. Le remboursement est partiel en cabinet libéral, sur prescription médicale, avec possibilité d’une prise en charge par la mutuelle. L’orthophonie est directement prise en charge au CMP, CMPP, CAMSP, centre hospitalier, sur prescription médicale.
PRISE EN CHARGE
Une fois le mal identifié, il existe de nombreuses méthodes pour le traiter et en venir à bout. La première consiste en une prise en charge rééducative par un orthophoniste, en une ou plusieurs séances chaque semaine. C’est en fonction du niveau de gravité du trouble, que le nombre de séances à suivre sera déterminé.
De manière pratique, la méthode consiste à avoir recours à des activités ludiques selon les difficultés propres à chaque enfant. Le but visé par cette rééducation, est d’apporter une autonomie à l’enfant en matière de lecture. Cela passe donc par le déploiement de différentes stratégies de compensation, mais aussi la consolidation les aptitudes déjà altérées. Ainsi, en fonction des difficultés, on peut faire travailler la dyslexie enfant avec d’autres spécialistes comme :
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Le psychologue
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Le psychomotricien
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L’orthoptiste
En dehors de la prise en charge par la rééducation, il existe également des pistes pour venir en aide à l’enfant pendant sa vie scolaire. On ne peut se passer d’elles pour assister l’enfant dans ses entrainements. Ces différentes adaptations éducatives se composent de la compréhension et l’accord des différences qui existent entre les apprenants, par l’enseignant. Par la suite, les différentes méthodes qui seront employées, dépendront en partie de la nature de la dyslexie et des aptitudes qui sont détériorées.
En voici quelques illustrations :
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Il faut à tout prix s’abstenir des situations dénigrantes, comme faire lire l’enfant devant la classe, mentionner ses fautes, etc.
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L’importance de faire preuve d’une grande patience, et de mettre l’enfant en valeur
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L’enfant doit être mis dans un environnement tranquille, au centre du tableau par exemple
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Mettre à sa disposition, des leçons enregistrées selon le besoin
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Réduire en petites portions, le travail à accomplir
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Privilégier l’évaluation orale
En somme, il est important d’établir une relation de confiance avec le professeur de votre enfant. Vous devez donc le rencontrer avec lui, afin que les solutions les plus adéquates soient trouvées. Ce n’est que de cette manière, que vous pourrez progressivement redonner à votre enfant, la confiance qu’il avait perdu.
Les prises en charge supplémentaires
Dans la mesure où la dyslexie peut engendrer des troubles sévères qui peuvent sérieusement impacter sur la qualité de vie de ceux qui en souffrent, une rééducation chez l’orthophoniste ne suffit malheureusement pas pour la traiter. Une prise en charge multidisciplinaire est souvent nécessaire :
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La psychothérapie pour aider l’enfant à surmonter le mal-être et le manque de confiance en soi dus à sa différence.
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La psychomotricité pour palier aux problèmes de motricité.
…Aider à la maison
Avant toute chose, il est important de savoir que la dyslexie n’est en aucun cas une maladie, mais bien un trouble.
Par conséquent, elle n’a donc pas de remèdes, mais des méthodes pour la corriger, voire atténuer ses effets.
Ainsi, à la maison, il faut jouer le rôle de parent sans vouloir se mettre à la place de l’enseignant.
En conséquence, on ne doit pas acculer l’enfant de travail, mais plutôt l’assister sans pour autant le faire pour lui. En somme, on doit s’ajuster aux difficultés qu’il rencontre, tout en mettant en valeur les efforts qu’il fournit et ses aptitudes.
En somme, il faut apporter tout le soutien nécessaire à l’enfant, tant dans le rangement de son cartable que de son emploi du temps. Ne pas oublier d’y mettre des surligneurs et différents codes de couleur, afin de mettre en évidence certains éléments.
Il n’est pas évident de gérer la dyslexie de l’enfant, mais l’utilisation des bonnes méthodes de travail permettra de lui donner confiance en lui, afin qu’il ne se sente pas inferieur par rapport à ses camarades. Pour cela, ne pas manquer de prodiguer des encouragements à l’enfant souffrant de dyslexie.
Pour conclure, sachez que le diagnostic de la dyslexie ne sert pas pour autant à coller une affichette sur les enfants. Bien au contraire, son but est de permettre une prise en charge prompte et adéquate. En aucun cas il ne faut considérer l’enfant comme responsable du trouble dont il souffre.
En ce qui concerne les méthodes à employer pour son traitement, il est très important que les parents et l’enfant soient activement impliqués.
Aussi, il ne faudra pas négliger de faire intervenir tous les spécialistes qui ont la charge de l’enfant. Ce n’est qu’avec la combinaison de tous ces efforts, qu’il pourra peu à peu retrouver toutes ses compétences et vivre sereinement.
POUR EN SAVOIR PLUS
Comment présenter la dyslexie aux autres ?
Le site de Sylvie CASTAING, enseignante spécialisée option E et G, formatrice ASH, École Supérieur du Professorat et de l'Éducation (ESPE), École Interne de l'Université de Strasbourg :
http://sylviecastaing.chez.com/
Le document à télécharger pour expliquer la dyslexie aux enseignants soit en cliquant sur le lien :
http://sylviecastaing.chez.com/dyslepeda.pdf
Soit en cliquant sur le document ci-dessous :
Bienvenue sur le site de l'ANAPEDYS ....
Ce site est un CARREFOUR pour tous ceux qui s'intéressent à la dyslexie; Les Dys et leurs Parents bien sûr, mais aussi enseignants, chercheurs, soignants, etc...
www.apedys.org/dyslexie/index.php?op=edito
Document à télécharger, "Thomas, 11 ans, explique sa dyslexie aux enfants de sa classe", soit en cliquant sur le lien :
www.apedys.org/dyslexie/article.php?sid=1045
Soit en cliquant sur le document ci-dessous :
Espace Santé et Sécurité, Académie de Dijon, Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale (DSDEN21) de la Côte D’or :
sante-securite21.ac-dijon.fr/
Document à télécharger “Dyslexie, un guide à l’usage des enseignants”, soit en cliquant sur le lien :
http://sante-securite21.ac-dijon.fr/IMG/pdf/Guide_enseignants_VF_22_-09-2009-2.pdf
Soit en cliquant sur le document ci-dessous :
